La fée électricité a perdu sa baguette (1)

Quel rapport peut-il y avoir entre le black out électrique en Espagne et en partie au Portugal, les sabotages de lignes haute tension et de postes de transformation qui ont plongé Cannes et Nice dans le noir, l’alerte du PDG d’EDF viré par Macron sur le défi que devra relever l’entreprise : la surproduction d’électricité ?

Tous ces évènements révèlent l’aveuglement des décideurs et l’absence d’anticipation, bloqués qu’ils sont dans leur réflexion par la croyance dans la croissance et le techno solutionisme.

La constitution du réseau électrique s’est faite sur le gigantisme. Maillage du territoire français à coup de lignes THT (très haute tension) étendu ensuite à l’Europe, de la Finlande à l’Espagne, sans réflexion sur des solutions techniques différentes, comme inciter à l’autonomie de petits territoires avec des possibilités de solidarité avec les voisins si besoin. 

Ce choix était bien entendu lié au moyen de production ; les centrales nucléaires mais aussi les grosses centrales à charbon ou à gaz induisaient ce type de distribution. On aurait pu penser que la bifurcation vers les énergies renouvelables allait changer la donne, qu’on allait produire et distribuer de façon décentralisée. Pas du tout. 

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Les initiatives régionales lors de la journée du 24 mai

Face au développement massif de l’éolien et de l’agrivoltaïsme, face à l’explosion du prix de l’électricité, l‘association Vent Des Maires, Le Réseau Energies Terre et Mer et Vent de colère ont appelé à exprimer le 24 mai notre opposition au développement massif et imposé des énergies électriques intermittentes. (voir le texte de l’appel)
Dans la région plusieurs associations et collectifs ont répondu à set appel – sous leurs revendications et de manière diversifiée. Nous demandons un moratoire sur l’installation de nouveaux projets éoliens et de champs de panneaux photovoltaïques sur les sols naturels, agricoles et forestiers.

En Aveyron

Le collectif 27-XII qui regroupe plusieurs associations a remis au préfet et aux parlementaires du département une motion adaptée à la configuration du département et cohérente avec les propositions formulées par le monde associatif dans les travaux menés par la préfecture en 2023-2024, dont il a été rendu compte le 20 mai.

Cette motion exprime la nécessité que soit désormais fléchée la dépense publique vers le mix énergétique total par les trois axes suivants :
AXE 1 : investir sur trois enjeux :

  • 1) Décarboner directement les secteurs du logement, de l’industrie et des transports ;
  • 2) Développer des flexibilités de production;
  • 3) Privilégier les énergies renouvelables thermiques.

AXE 2 : arrêter d’investir dans les solutions électriques éolienne et solaire intermittentes.

AXE 3 : s’appuyer sur la note de position conjointe d’octobre 2023 entre le Conseil Départemental et la Chambre d’Agriculture, qui répond parfaitement à ces objectifs.

En Lozère

Le Collectif lozérien environnement patrimoine (CLEP) s’oppose aux « productions électriques industrielles » que sont l’éolien et le photovoltaique. Samedi, il s’est rassemblé devant  la préfecture.

Il s’agissait d’expliquer à la population leur opposition au projet actuel de PPE3 (programmation pluriannuelle de l’énergie qui prévoit le doublement de l’éolien terrestre et la multiplication par 5 du photovoltaïque.

Dans une motion à l’attention du préfet de Lozère le collectif dénonce le « gigantisme » des projets: « Ces énergies renouvelables industrielles occupent beaucoup trop d’espace par rapport au volume d’énergie qu’elles produisent ».

Dans le Lot

Face à la multiplication des projets éoliens dans le Ségala, aux nuisances subies par les habitants, à la destruction de l’environnement, des terres agricoles, des zones forestières, au massacre de la biodiversité, aux risques avérés de panne géante électrique comme en Espagne et au Portugal par surproduction d’énergie intermittente, l’association Vent du Haut-Ségala a participé à la Journée Nationale de Protestation du 24 mai.

L’association a  adressé un courrier à la Préfète, au Président du Conseil Départemental, aux Sénateurs et Députés du Lot ainsi qu’au Président du Grand-Figeac. 

Elle demande la révision de la Programmation Pluriannuelle de L’Énergie et soutient un scénario alternatif fondé sur des prévisions réalistes de la demande d’électricité (et pas notoirement sur-évaluées), et accordant une large place à la sobriété énergétique ainsi qu’à la valorisation d’énergies renouvelables pilotables en autoconsommation locale.

Dans le Tarn,

5 associations ont écrit une lettre aux sénateurs et députés du département ainsi qu’au Président du Conseil Départemental et au président de l’association des maires du Tarn.

  • Nous ne voulons pas que les éoliennes et le photovoltaïque au sol détruisent nos campagnes et contribuent un peu plus à la destruction de nombreuses espèces animales (chauve-souris, rapaces, oiseaux migrateurs) .
  • L’implantations massives d’éoliennes menace nos paysages et le cadre de vie de nos concitoyens.
  • Le photovoltaïque sur les sols naturels, agricoles ou forestiers soulève également de vives inquiétudes. Outre son impact négatif sur les terrains agricoles, il risque de détourner les agriculteurs de leur vocation première, les transformant en rentiers d’une ressource instable, soumise à de nombreux aléas.
  • Enfin, rappelons que ces équipements — éoliennes comme panneaux photovoltaïques — sont pour l’essentiel importés, en particulier de Chine. Une telle dépendance va à l’encontre de notre objectif de réindustrialisation. 

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Programmation pluriannuelle de l’énergie n°3, (PPE3) annonce d’une gabegie

La programmation pluriannuelle de l’énergie est un document de programmation qui détermine les modalités d’action des pouvoirs publics pour la gestion de l’ensemble des formes d’énergie sur le territoire métropolitain continental. Il a été soumis à consultation publique jusqu’au 5 avril. Bruno Ladsous décrypte (en quelques épisodes les enjeux de ce document).

ACTE II – janvier 2025 à avril 2025

Rappel de l’épisode précédent :

  • 2022-2023 : deux années perdues en consultations 
  • 2024 : émoi au ministère – lancement précipité d’une PPE 3

Janvier 2025 : annonce d’un décret PPE3 précédé d’une consultation du public

Pourquoi un décret ?

Les fonctionnaires ont convaincu leurs ministres que ce n’est pas de leur faute s’il n’y a pas eu de loi de programmation avant l’échéance du 1er juillet 2023 prévue part l’article L 100-1-A du Code de l’énergie, et que par conséquent un simple décret pourrait régler la question, fondé sur l’article L 141-1 du Code de l’Energie. Ils oublient de leur préciser qu’il existe dans ce L 141-1 un « ainsi que » qui oblige à en passer par une loi de programmation :  

La programmation pluriannuelle de l’énergie, fixée par décret, définit les modalités d’action des pouvoirs publics pour la gestion de l’ensemble des formes d’énergie sur le territoire métropolitain continental, afin d’atteindre les objectifs définis aux articles L. 100-1, L. 100-2 et L. 100-4 du présent code ainsi que par la loi prévue à l’article L. 100-1 A.

Un dossier justificatif d’une rare indigence technico-économique et environnementale :

  • Aucune utilisation des 360 cahiers d’acteurs, d’une grande qualité, déposés dans la phase précédente.
  • Absence de documentation sur les objectifs de la consommation totale d’énergies (EF) : ni répartis par secteurs (on attend la SNBC paraît-il), ni consolidés, ni réalistes
  • Absence de bouclage technique entre la demande d’énergies et l’offre d’énergies, et aucune justification du niveau d’électrification des usages de l’énergie qui est avancé
  • Un empilement de solutions de production qui ne sont pas les plus efficaces au plan technique
  • Insuffisance des capacités de stockage et de flexibilités (mix électrique)
  • Aucun chiffrage économique
  • Une évaluation environnementale très insuffisante.

Mars 2025 : des élus de la République et des experts montent au créneau

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La programmation pluriannuelle de l’énergie n°3 (PPE 3), annonce d’une gabegie

La programmation pluriannuelle de l’énergie est un document de programmation qui détermine les modalités d’action des pouvoirs publics pour la gestion de l’ensemble des formes d’énergie sur le territoire métropolitain continental. Il a été soumis à consultation publique jusqu’au 5 avril. Bruno Ladsous décrypte (en quelques épisodes les enjeux de ce document).

ACTE I – 2022 à janvier 2025

2022-2023 : deux années perdues

Du côté du ministère (DGEC : Direction Générale Energie Climat), deux phases successives donnant à penser qu’il prépare une programmation pluriannuelle de l’énergie : 

  • Fin 2022 : un débat « Notre avenir énergétique se décide maintenant », 
  • Fin 2023 : une consultation sur la SFEC « stratégie française pour l’énergie et le climat ».

Sur la base d’un dossier qui ne brille pas par sa qualité technique : pas d’évaluation environnementale, aucuns objectifs de cohésion sociale et territoriale, des objectifs de réduction de la consommation d’énergie flous, objectifs sur l’éolien terrestre supérieurs aux engagements pris par le Président de la République, aucune optimisation du potentiel des renouvelables thermiques …

En parallèle, à Matignon le Secrétariat Général pour la Planification Ecologique (SGPE) pilote ses propres travaux sur la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC).

2024 : émoi au ministère – lancement précipité d’une PPE 3

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Le Parc naturel régional du Haut Languedoc veut-il devenir un Parc industriel ?

Mi-avril, les associations environnementales héraultaises et tarnaises, qui œuvrent sur le territoire du Parc, se sont réunies pour faire le point à mi-parcours de l’écriture de la nouvelle Charte 2028/2043. À la lecture des propositions du comité syndical, elles ont décidé de ne pas rester muettes devant tant d’aberrations.

Synthèse des propositions du PNR Haut Languedoc

Dans sa fiche consacrée au « développement encadré des énergies renouvelables » le PNR se félicite d’être devenu en 13 ans un territoire à énergie positive en ayant augmenté sa production d’énergie de 40 %. Il souhaite poursuivre mais avec je cite « une vigilance particulière en faveur de la préservation des paysages et de la biodiversité » et la nécessité de faire attention aux retombées économiques et au processus d’acceptabilité par les populations.

La première question qui vient à l’esprit c’est : pourquoi ils ne l’ont pas fait plus tôt et pourquoi depuis que le Parc existe à part nous faire des bilans de production d’électricité nous n’avons aucune étude d’impact ?

Comment peut-on proclamer une vigilance particulière en faveur de la préservation des paysages quand on voit le massacre qui a été accompli par exemple sur le triangle Murat/Vèbre (81), Cambon et Salvergues et Castanet le Haut (34). Massacre qui va être amplifié avec le remplacement des plus vieilles éoliennes (repowering) par de plus puissantes et beaucoup plus hautes.

Alors que les suivis de mortalité sont obligatoires pour les éoliennes depuis 2011, le PNR ne s’est préoccupé de leur analyse qu’en 2022 et a confié cette mission – non pas à un service dédié – mais à une stagiaire. Celle-ci a découvert que le Parc ne disposait que de 18 suivis. Son rapport plutôt bien fait n’a, semble-t-il, donné suite à aucune mesure pour exiger au moins des promoteurs qu’ils se conforment à la loi.

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