Énergies renouvelables : un marché qui se concentre

Le secteur de la production industrielle d’énergies renouvelables évoluait relativement lentement ces dernières années, mais peut-être que quelque chose est en train de changer avec de plus en plus de fonds d’investissement qui rachètent tout ou partie d’exploitants et aussi avec un géant de l’énergie, Total, qui monte rapidement en puissance.

Tour d’horizon en France pour l’éolien terrestre

Côté exploitants

Les quatre leaders restent les mêmes. Dans l’ordre, Engie qui a lui seul exploite presque 19 % des centrales éoliennes en direct ou avec sa filière Vensolair, suivi d’EDF, puis Energie Team qui est passé devant les Canadiens de Boralex

En 2019 ces quatre entreprises représentaient 34 % des Mw (mégawatt) installés ils sont passés maintenant à 43% (soit 8297 Mw).

  • Cependant un nouveau, qui en 2019 n’apparaissait pas dans les 19 plus gros exploitants, pointe à la neuvième place en 2025 et sera au coude à coude avec Boralex l’an prochain. Il s’agit de TotalEnergies qui vient de racheter VSB qui pesait 542 Mw. 
  • Autre nouveau venu, mais plus modeste, Nadara issu de la fusion de l’Italien Renantis et du Britanique Ventient. À peine 500 Mw en France mais plus de 4 Gw (Gigawatt) en Europe.
  • Enfin on constate à côté des fusions ou des rachats, une entrée de fonds d’investissement comme Brookfield qui rachète Neoen ou dans le photovoltaïque Rubis qui rachète Photosol.

Éolien en mer

Les centrales éoliennes en mer sont rarement mises en service par une entreprise unique, les fonds nécessaires sont trop importants. On trouve ainsi EDF associée avec Enbridge, une entreprise canadienne spécialisée dans les oléoducs (la société est responsable d’une énorme pollution dans le Michigan en 2010) qui s’est diversifiée dans l’éolien offshore. 

Engie et le portugais EDP au sein de Ocean Wind seront présents au large de Narbonne. TotalEnergies qui vient de se faire lâcher par l’allemand RWE pour une centrale de 1,5 Gw au large d’Ouistreham (la plus grande à ce jour en France) envisage, lui, de faire cavalier seul.

Côté constructeurs

Toujours les mêmes, soit Vestas, Nordex, Enercon, Siemens et General Electric. Mais alors que Vestas et Nordex représentaient 54% de parts de marché en 2019, ils en occupent 65 % en 2024.

Tour d’horizon en France pour le photovoltaïque

Paysage beaucoup plus fragmenté mais on retrouve Engie largement en tête avec 1796 Mw de puissance installée devant Urbasolar avec à peine 1169 Mw. En troisième position TotalEnergies juste devant Neoen et EDF seulement cinquième.

Stockage électrique par batteries

  • La production est contrôlée à 80 % par des entreprises chinoises.
  • Les sites de stockage par batterie sont développés en grande partie par NW group mais on trouve aussi avec 15% de parts de marché TotalEnergies qui investit donc de plus en plus le marché de l’électricité renouvelable.
  • NW group est qualifié de « première licorne française » dans son secteur. Agnès Pagnier-Runacher était présente lors de sa levée de fonds et Lecornu est un ami de longue date de son PDG, Jean Christophe Kerdelhué, qui l’invite pour les vacances à Saint-Tropez !

Tout cela se passe dans un contexte français et européen de surproduction électrique que l’on peine à reconnaître

Le gestionnaire français du réseau de transport d’électricité, RTE, s’apprête à publier de nouvelles estimations de consommation électrique à l’horizon 2035, inférieures aux précédentes prévisions (au moins de 9%).

Les heures à prix négatifs (on paye pour trouver des clients) sur le marché à terme se multiplient. La France n’a jamais exporté autant d’électricité et parfois par hasard : une panne sur une centrale nucléaire suisse a ainsi permis récemment à EDF d’écouler son énergie. 

Et pourtant sur le terrain, les projets de centrales – en particulier photovoltaïques – se multiplient, faisant des pressions énormes sur les sols naturels, agricoles, forestiers voire sur les plans d’eau. 

En Occitanie, par exemple, 74 projets pour 862 ha clôturés ont été recensés en 10 mois en 2025, contre 50 projets sur 12 mois 2024 (projets examinés par la Mission régionale de l’autorité environnementale).

Contact : Jean POUGNET

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