Courrier au Midi Libre édition Béziers suite à un article paru le 2 décembre 2023 (en PJ)
Nous nous doutons bien qu’il est difficile pour un.e journaliste d’imaginer qu’un préfet – en l’occurence celui de l’Hérault que vous citez dans votre article du lundi 2 décembre – ou que des administrations, puisse altérer la réalité à ce point. A priori, un préfet est pourtant bien placé pour connaître les analyses que formule RTE dans son bilan annuel.
Vous y verrez (infos en pièce jointe) que, contrairement à ce que dit François-Xavier Lauch (« Nous avons un besoin impératif d’électricité »), la production a tellement augmenté que la France a même exporté en 2023 l’électricité équivalente à ce que toutes les éoliennes installées en France ont produit, soit 50TWh.
Pour 2024, le surplus serait de l’ordre des 80 TWh (chiffre le plus récent de RTE).
Par ailleurs, notre consommation en 2023 est identique à celle de 2005, alors que nous sommes 5 millions d’habitants en plus (infos en pièce jointe).
L’éolien comme le photovoltaïque industriel n’ont pas remplacé le nucléaire ; les sources d’énergie s’accumulent, on produit toujours plus au lieu de parler de sobriété, économies, ou du « produire et consommer local »(1). Ceci dit, certainement pour des raisons financières (la pauvreté augmente en France) ou par conviction écologique, les français n’ont donc pas globalement augmenté leur consommation.
Alors pourquoi vouloir multiplier les centrales d’EnR ainsi que le nucléaire ?
La réponse est sans doute dans le souhait du président Macron « Je veux que la France soit le premier pays d’Europe exportateur d’électricité ». Nous n’en voyons pas d’autres ainsi que celle d’aider les promoteurs (souvent étrangers) à gagner toujours plus d’argent.
Le pays ne s’est pas pour autant ré-industrialisé ne serait-ce qu’autour des activités liées aux EnR ; les éléments de construction arrivent toujours de Chine et de l’exploitation de populations bien loin de chez nous.
Il faudrait donc multiplier les panneaux de photovoltaïque au sol, et comme ce ne sera pas suffisant, en couvrir les toits indique Thierry Durand, directeur adjoint de la Direction départementale des territoires et de la mer : au départ, et c’était plus consensuel et logique, ce sont les toits des industries, des commerces, des bâtiments publics, des parkings, des friches, etc. dont il était question, et par dérogation, sous la pression des industriels qui trouvent ça trop cher, l’État a permis les poses sur sols naturels, forestiers voire agricoles.
Défendre la biodiversité en paroles… pas en actes
Enfin, « (…) « les sites où la biodiversité est très importante, il ne faut même pas y penser » ou encore « les projets présentés devront intégrer la biodiversité, car c’est la clé du succès pour obtenir les autorisations » précise le préfet de l’Hérault.
Or, et pour votre information, la préfecture a pourtant décidé de donner l’autorisation à Q Energy (2) de remplacer 23 éoliennes de 99m par 23 de 125m et plus puissantes à Cambon et Salvergues / Mont de l’Espinouse, malgré un avis défavorable du Parc naturel régional du Haut Languedoc – sans enquête publique ni études d’impacts sur l’environnement (humain, animal) et donc la biodiversité. Et cela il le peut s’il considère qu’il n’y a pas de « modification substantielle », ce qu’il a fait !!
On a eu tellement de mal à le croire que nous avons fait un recours gracieux qui a été refusé et donc actuellement au contentieux (voir pièces jointes : recours gracieux et le com’presse envoyé, entre autres, à votre rédaction en janvier 24). Sans parler des éoliennes de Bernagues/Lunas, qui massacrent des rapaces déclarés espèces protégées, où la préfecture n’est pas intervenue pour faire démolir des machines illégales car sans permis de construire (au tribunal en janvier 2025).
- (1) Extrait d’une lettre aux élu.es – Oct 2024 : Ne faut-il pas penser avant tout aux économies qu’un village peut faire ? et si production il doit y avoir, passez-vous des promoteurs, pas besoin d’eux pour réduire les factures d’électricité. Panneaux solaires sur les toits municipaux, y compris les écoles, les friches… pour produire et consommer » local » c’est possible et cela rapporte plus que le financement par un industriel !
- (2) avec l’arrivée du coréen Hanwha Solutions, RES (britannique) devient Q Energy France. Une entreprise de la holding européenne Q Energy Solutions, créée en 2021 par Hanwha Solutions.
Notre collectif se tient à votre disposition si vous pensez que donner de temps en temps la parole aux associations serait nécessaire à l’information de vos lecteurs.
Le collectif régional Toutes Nos Energies – Occitanie Environnement réunit une centaine de fédérations départementales, collectifs et associations de la région Occitanie qui agissent pour la qualité de vie des habitants et la protection de l’environnement, pour une transition écologique et énergétique solidaire et respectueuse des territoires ruraux.
Exporter de l’électricité, mais à quel prix ? Ou plutôt quels prix, compte tenu de la folie ambiante sur les marchés de l’électricité, et faute d’avoir conclu des contrats à long terme tels que des CfD.
Cela nous met au niveau d’un pays en voie de développement, les termes de l’échange ne nous étant généralement pas favorables puisque nous avons perdu l’essentiel de notre industrie à haute valeur ajoutée.
Au reste, Marcel Boiteux l’avait bien identifié : l’électricité ne peut être le lieu d’un marché, l’électricité étant un produit extraordinaire qui ne se stocke pas, à l’exception très marginale des STEP.
Folie de tels propos, propos de communicants qui n’osent pas se mettre en travers d’une Commission à la botte de l’Allemagne, une Allemagne qui aura ruiné l’Europe par une Energiewende qui est un échec total.
Je réponds surtout à l’article
La réalité du problème ne tient pas à ces rodomontades d’E. Macron.
On a besoin de beaucoup de production électrique et on en aura encore plus besoin pour des raisons essentiellement françaises.
Pourquoi ?
– Parce qu’ on veut numériser notre société – voir ce que cela a pour conséquences par exemple sur le service public .…
– Parce qu’on veut des voitures électriques – complètement surréaliste – contrairement à ce que pense Cédric Philibert qui pense, dans son livre, que « la voiture électrique est bonne pour le climat » !
– Parce qu’on veut faire rentrer l’agriculture dans le monde du 4.0
– Parce qu’on veut aussi surveiller et formater la société. Cela signifie des caméras avec reconnaissance faciale, des drones …
– Parce que – surtout – on veut de l’IA. A ce sujet, je conseille de lire cet article :
https://www.antitechresistance.org/blog/dangers-ia-menaces-humanite-vie
On est donc dans la construction de nombreux data centers qui ont besoin de beaucoup d’électricité. Mais ce n’est plus suffisant. Comme diraient certaines personnes, c’est dans le domaine de l’obsolescence (ils ont d’ailleurs tort). Il faut donc – surtout à cause de l’IA – construire des GIGA data centers. En réalité, contrairement à ce que disent certains, on ne va pas supprimer les data centers ; on va les garder jusqu’à extinction … et on va construire des GIGA data centers. C’est le même phénomène qu’explique Jean-Baptiste Fressoz dans son livre « sans transition » ; il démontre que le bois, le charbon, le pétrole, le nucléaire, les énergies renouvelables ne meurent pas. Toutes ces énergies se superposent.
Ce sera la même chose pour les data centers.
Et donc, on aura toujours besoin de produire de l’électricité ; de plus en plus … jusqu’à la mort de l’Humanité !