« Le coût de l’éolien a été divisé par 3 et celui du PV par 7 » : c’est ce qu’a affirmé sans sourciller Madame Borne, ministre de l’énergie (*) le 30 avril 2020 à 01.59’.40‘’ à l’Assemblée nationale http://videos.assemblee-nationale.fr/video.8999907_5eaac2a897298.
(*) en fait, ministre de la transition écologique et solidaire : mais qui s’en aperçoit ?
1. depuis quand cela aurait-il ainsi baissé ?
Comprendre : depuis une dizaine d’années.
2. de quel coût parle-t-elle au juste ?
Certainement pas du coût CAPEX (dépenses d’investissement) ni du coût OPEX (dépense d’exploitation) : le raisonnement ne lui aurait pas été favorable.
Donc, visiblement elle parle du LCOE (levelized cost of energy, coût actualisé de l’énergie) très à la mode dans ces milieux : coût complet ou du moins réputé « complet ». Il correspond au prix complet d’une énergie (l’électricité dans la plupart des cas) sur la durée de vie de l’équipement qui la produit.
3. quel est l’évolution du LCOE depuis 10 ans ?
Voici 10 ans, le LCOE était dans les calculateurs de la CRE (commission de régulation de l’électricité) dans sa documentation de 2014 à un niveau de 78 €/ MWh, sous l’hypothèse d’un taux d’actualisation du futur de 5%.
Serait-il parvenu à 26 € ? Si oui, il est vraiment temps d’arrêter tout tarif garanti (82 €/ MWh avant 2017, depuis 2017 : 74 €/MWh, et 63 / MWh sur un récent appel d‘offres public de la CRE, car alors le niveau de bénéfice est particulièrement indécent : 48 €/MWh, financés par nous autres les consommateurs. (74€ – 26€)
4. il est donc impossible que le coût de l’éolien ait été divisé par 3 :
A preuve, l’Ademe vient de sorti les niveaux de LCOE fin 2019 :
– 54 €/ MWh pour une machine de puissance installée 2 MW et sous l’hypothèse d’un taux d’actualisation de 5%
– 47 € sous l’hypothèse d’un taux d’actualisation de 3%
5. Madame Borne dit donc n’importe quoi devant les élus de la Nation et devant les caméras
Est-ce admissible ? Mais peut-être nous expliquera-t-elle qu’elle se référait à des chiffres du siècle précédent ?
6. le niveau de prix garanti demeure excessivement généreux
Du reste, les opérateurs éoliens proclament partout que leur industrie est mature. Une industrie mature n‘a pas besoin d’un soutien public.
Un soutien qui est d’autant plus inapproprié que les opérateurs bénéficient déjà d’une priorité d’injection dans le réseau public de leurs électrons privés.
Nota : cette priorité d’injection dans le réseau crée au quotidien une difficulté à piloter celui-ci (mise à l’arrêt ou au ralenti des centrales nucléaires, arrêt des centrales au gaz). A cette difficulté technique qui a un coût, s’ajoutera à terme; lorsque les EnR intermittentes deviendront majoritaires dans la production, un renchérissement régulier des prix y compris lorsque le marché s’effondre comme on le voit en ce printemps 2020, et au final une mise en péril de la pérennité et de la fiabilité de l’approvisionnement (risque de pannes majeures ou de rationnement, hausse des prix etc.).
7. subsidiairement le LCOE n’est pas un vrai coût complet :
Il n’intègre pas, en effet, l’essentiel des coûts environnementaux, des coûts économiques incluant le coût des raccordements, et des coûts sociaux (hausse du prix de l’électricité résultant inévitablement de ces EnR intermittentes, réf. rapport commission Aubert 26 nov. 2019.En outre, il comporte de nombreux biais méthodologiques : tous en faveur de l’éolien et du photovoltaïque. Étonnant, non ?