Tel est le principal enseignement retiré du débat public (12 juillet-31 octobre) au cours duquel se sont exprimés plus de 10 000 de nos concitoyens : le public demande dans son écrasante majorité le report du projet, afin de mieux étudier les effets sur la biodiversité de l’éolien flottant, a fait savoir le président de la Commission particulière du débat public (CNDP), M. Etienne Ballan, lors d’une conférence de presse.
Concrètement le public demande d’avoir un retour environnemental (impact sur les divers milieux marins) à partir des fermes pilotes en cours de construction au large de Gruissan, Leucate et Port St Louis. C’est précisément la demande prioritaire et de bon sens émise par TNE Occitanie Environnement dans un cahier d’acteurs https://eos.debatpublic.fr/wp-content/uploads/EOS-CA-TNE.pdf . Et cette demande d’attendre un retour environnemental a été réitérée https://participons.debatpublic.fr/processes/eos/f/115/questions/5705.
Les pêcheurs ont de leur côté émis des demandes de même nature.
Il y a une incompréhension de la part du public qui voit l’État porter des projets de protection de la biodiversité et parallèlement des projets d’éoliennes offshore qui pourraient nuire à cette même biodiversité, alors que lui-même reconnaît « ne pas avoir assez de données » sur la question, a précisé le président de la CPDP.
Dans le cahier d’acteurs émis par TNE-OE, il figure trois conditions complémentaires :
- un éloignement des côtes de 30 km (près de 20 miles nautiques)
- un accord des pêcheurs sur les zones d’exclusion éventuelles pouvant en résulter
- un arrêt des éoliennes lors des passages migratoires, très intenses pour les espèces pratiquant le vol battu d’une seule traite vers l’Afrique et, réciproquement quelques mois plus tard. 2 à 3 Mds d’individus à l’aller, un peu moins au retour.
Au plan économique ce projet est extrêmement coûteux (> 5 m€/MW installé), les raccordements étant en outre pris en charge par RTE (réseau de transport d’électricité) puis refacturés aux consommateurs. TNE-OE a demandé qu’aucune subvention ne soit accordée aux opérateurs, et que ceux-ci contribuent au coût des raccordements.
L’Etat justifie ce projet par un facteur de charge moyen de 50% (éolien terrestre 23 à 25%) qui est particulièrement non crédible par ce que l’on connaît du régime des vents dans le Golfe du Lion https://participons.debatpublic.fr/processes/eos/f/115/questions/5704.
Enfin, le public a exprimé avec force une priorité pour la réduction de la consommation d’énergie. TNE-OE est en accord avec cette demande, qui est la véritable priorité de la transition écologique.
La synthèse du débat public sera adressée par la CNDP à l’Etat en décembre, suivie d’une réunion de présentation et d’un débat avec le public en janvier. L’État devrait apporter ses réponses à la CNDP en mars 2022, quelques semaines avant l’élection présidentielle, puis prendre sa décision.
Cependant, un jeune technocrate représentant la ministre à la réunion de clôture a évoqué un calendrier de décision très différent de celui qu’évoquait le président de la CPDP une heure plus tôt, annonçant une décision en début du 1er trimestre, donc en janvier 2022 et occultant complètement la demande du public d’un report de lancement du projet.
Face à cette tentative de passage en force, TNE-OE a émis un avis de protestation que la CPDP a bien voulu publier https://participons.debatpublic.fr/processes/eos/f/114/questions/5901 La ministre entendra-t-elle, pour une fois, le vœu de nos concitoyens ?