Nous avons lu avec attention les remarques formulées sur l’avant-propos et l’introduction. Elles nous paraissent pertinentes et nous en tiendrons largement compte pour une rédaction ultérieure. En particulier, il est juste qu’il n’est pas nécessaire de faire le travail d’un scientifique et qu’il vaut mieux se borner à la formulation de questions.
Sur le premier chapitre, la formulation à l’emporte-pièce qui a déclenché des réactions (sur le « manque de bonne volonté » des citoyens à propos de sobriété) était extraite d’une revue qui voyait les choses dans les grandes masses et qui négligeait le fait qu’une bonne partie des populations sont astreintes à une sobriété forcée. Cette formulation sera donc nuancée.
Voici maintenant ce qui concerne les énergies intermittentes. Nous aimerions connaître vos réactions sur ces deux textes. Ici le texte en PDF.
Quelles sont les énergies renouvelables ? Comment peut-on les classer ?
On distingue les énergies intermittentes, variables et aléatoires et les énergies pilotables, réglables et pérennes (fonctionnant en permanence ou à la demande). Nous traiterons donc d’abord les énergies intermittentes.
Et d’abord l’éolien et le solaire qui ne fonctionnent, pour l’un que lorsqu’il y a du vent, pour l’autre que lorsqu’il y a du soleil.
Pourquoi focaliser sur l’intermittence ? d’abord parce que lorsqu’il y a interruption de production, et qu’on doit se passer d’électricité, il y a un manque difficile à supporter pour la plupart des êtres humains. Cela prend même vite l’allure d’une catastrophe lorsqu’il y a un black-out, surtout lorsqu’il dure plusieurs heures (problème de congélateur, de chauffage…). L’habitude a été prise depuis des décennies de ne jamais manquer de courant électrique. Des coupures seraient vite insupportables pour l’immense majorité de la population.
Et donc, pour compenser le manque dû à l’interruption quand le vent cesse et que le soleil vient à manquer, il faut disposer de moyens de production de substitution (qui sont très souvent polluants et générateurs de CO2) et le jonglage entre les énergies intermittentes et les énergies de substitution ne laisse pas de poser des problèmes pour le gestionnaire du réseau français RTE.
Le problème avec les renouvelables intermittentes est aussi que leur production est aussi parfois trop abondante, quand il y a beaucoup de vent et un ensoleillement important. Les réseaux se retrouvent ainsi avec trop d’électricité renouvelable dont ils ne savent que faire, qu’on vend donc à perte, et qu’il est aujourd’hui difficile et coûteux de stocker. On reviendra sur ce sujet plus loin.
De plus, les EnR intermittentes seules sont loin de pouvoir produire les quantités nécessaires d’électricité pour couvrir les énormes besoins actuels (8000 éoliennes, c’est seulement 7% de la production française)
Le handicap de l’intermittence pourrait-il trouver une solution dans le stockage de l’énergie ? Où en est-on dans ce domaine ?
Puis nous présenterons les autres sources d’énergie renouvelables que nous appellerons pilotables, par opposition aux intermittentes.
- Ce sera d’abord l’hydroélectricité, bien connue.
- Puis la géothermie sous toutes ses formes et tout ce qui s’y rattache, dont les pompes à chaleur.
- Et enfin la biomasse avec ses aspects très divers.
Chapitre 2 Les énergies renouvelables intermittentes
1ère partie : L’éolien terrestre, un vecteur d’énergie électrique
C’est le vent qui en est l’énergie primaire, une énergie intermittente, variable et peu prévisible. L’énergie éolienne n’est pas nouvelle : les moulins à vent existent depuis des siècles, et ont fait très longtemps partie des paysages et du patrimoine, jusqu’au début du 19ème siècle. .
Jusqu’à l’apparition des machines à vapeur, les meuniers se sont contentés du vent qu’il pouvait y avoir et cela leur allait très bien. Mais cette énergie « renouvelable » a été vite abandonnée au profit du charbon et par la suite, d’autres combustibles fossiles utilisables à tout instant. A la fin du vingtième siècle, on a imaginé d’utiliser à nouveau cette source d’énergie pour produire de l’électricité.
Evoquons d’abord le petit éolien domestique : il est très peu souvent choisi par les par culiers, parce que les aides ou subven ons de l’Etat ne su sent pas à a eindre une rentabilité économique dans la majorité des cas. Il a un faible potentiel, est sensible à la foudre et surtout dérange le voisinage. Enfin, si on les installe sur toiture, il est patent que les éoliennes domestiques font vibrer les bâtiments.
L’éolien terrestre industriel.
Très souvent, les éoliennes industrielles, qui atteignent à certains endroits 200 m de haut et s’élèveront sans doute dans l’avenir jusqu’à 300 m, symbolisent les EnR dans leur ensemble :on en voit sur le bureau de tel ministre, on les situe en arrière-plan de beaucoup de documents publicitaires, de sujets à la télévision. Ce sont comme des messages subliminaux. C’est ce à quoi pense d’abord l’homme de la rue lorsqu’on lui parle d’énergies renouvelables.
Et pourtant, aucune EnR n’a rencontré autant d’opposition : il y a en France des milliers d’associations qui luttent contre des projets d’installation d’aérogénérateurs, notamment par des recours juridiques (la plupart des projets sont suivis de recours par des centaines d’associations adhérentes à des fédérations nationales) Notons aussi que de nombreux recours sont déposés par les opérateurs mécontents d’avoir essuyé un refus. Cela gêne les pouvoirs publics et les opérateurs. Que penser de cet aspect des choses ? Nous verrons plus loin pourquoi ce type d’énergie est rejeté, bien plus que les autres.
Objectivement, une éolienne peut produire de l’énergie, sous certaines conditions qu’il y ait du vent, que celui-ci soit à une bonne vitesse (50 km/h et jusqu’à 90 km/h, mais pas davantage parce qu’on est obligé d’arrêter les machines : ce serait trop dangereux). Il arrive souvent qu’il n’y ait pas de vent et même parfois sur des périodes un peu longues, de quelques jours à une quinzaine.
Pour être plus précis, la relation entre la vitesse du vent et la production éolienne est loin d’être linéaire. Schématiquement, la production d’une éolienne évolue de la façon suivante
- Si le vent est inférieur à la vitesse de démarrage (environ 10 km/h), la production est nulle
- Entre la vitesse de démarrage et la vitesse nominale (environ 50 km/h), la production augmente rapidement avec la vitesse du vent,
- Au-delà de la vitesse nominale, la production reste approximativement constante…jusqu’à la vitesse de coupure (autour de 90 km/h) alors l’éolienne se met en drapeau et la production cesse.
La variabilité du vent, quand il y en a, constitue aussi un problème. Une modification même mineure du régime des vents va avoir un impact disproportionné sur la production.
- Si la vitesse moyenne du vent baisse de 1%, la production d’électricité baissera de 3% environ,
- Si le vent baisse de 5%, la production chutera de 14%….
- Donc, à chaque fois que le vitesse double, la puissance est multipliée par 8, idem pour l’inverse.
La variabilité signifie que quand y a du vent, la quantité d’électricité varie suivant le cube de la vitesse du vent ! Donc, très souvent, les trois quarts du temps, il n’y a pas de vent ou pas assez et les machines produisent peu ou pas du tout d’électricité et en période de temps stable, de hautes pressions l’été et l’hiver, elles restent immobiles, en berne.
Les variations de la météo produisent donc d’énormes déficits, mais aussi d’énormes surplus. Un exemple très caractéristique nous est fourni par RTE avec le graphique de la production d’électricité par les éoliennes pendant plus de deux mois en 2019 : 4 % de sa capacité nominale pour tout le territoire français !
Il arrive aussi que la production des éoliennes coïncide avec les besoins du pays, avec les périodes de travail, avec les moments forts de l’économie, de la vie quotidienne. C’est donc utile, mais d’une manière très ponctuelle. Dans ces cas-là, les centrales nucléaires sont obligées de baisser leur production, car l’énergie éolienne est, selon la règlementation, prioritaire sur le marché européen de l’électricité. Du coup, le matériel de ces centrales nucléaires s’use plus rapidement du fait de la fréquence de la baisse de production et de sa relance en fonction du vent et bien sûr, EDF gagne moins d’argent (on reviendra plus loin sur ce sujet), ce qui peut avoir un impact à long terme sur ses dépenses de sécurité.
Ainsi la plus grande partie du temps, il faut recourir à une puissance fossile ou fissile d’urgence, de réserve, déclenchée en cas d’absence de vent.