Quelle transition ?
Les bouleversements climatiques, géopolitiques et l’effondrement de nombreux écosystèmes ont déjà, et auront de plus en plus, des conséquences sérieuses sur nos vies : il est nécessaire et urgent de rompre avec la facilité des Trente glorieuses et de décennies de gaspillage. Dans ce contexte, il n’est plus possible de se satisfaire de décisions inappropriées, prises dans l’entre-soi des élus et des administrations sous l’influence de lobbys financés par les opérateurs privés.
La transition ne sera « écologique » que si les citoyens y participent pleinement. Il s’agit donc de mettre en place localement, avec l’aide des pouvoirs publics, des solutions fondées sur une vision positive de l’avenir :
- réduire notre consommation d’énergie et nos émissions de CO2.
- renforcer la capacité économique de nos territoires (énergie, alimentation…) et sauvegarder la biodiversité promue grande cause nationale.
- renforcer les solidarités et la coopération entre les acteurs du territoire et acquérir les compétences nécessaires pour renforcer notre autonomie (énergétique, alimentaire…)
- pour cela définir ou penser des territoires pertinents pour agir en fonction de leur taille, des solidarités qui y existent et du cadre de vie souhaité par leurs habitants.
-
Quel progrès ?
La croissance économique qui repose sur l’épuisement des ressources de la planète et sur la concentration des richesses et des pouvoirs montre chaque jour davantage ses limites et ses dangers.
La transition énergétique telle qu’elle est conduite depuis quelques décennies sous la pression de lobbys industriels et financiers à la recherche de profits immédiats, conduit à toute sorte d’abus économiques et sociaux et de dégradations environnementales.
A titre d’exemple, le développement de l’éolien industriel échappe de fait au contrôle des pouvoirs publics, porte atteinte à la santé humaine et aux écosystèmes, sans contribuer significativement à réduire les émissions de CO2 ni l’extraction des ressources naturelles.
Nous sommes les porteurs d’une alternative de progrès, face à ceux dont le modèle de pensée se résume à faire produire de l’énergie dans les campagnes au bénéfice des métropoles urbaines.
-
Quelle politique territoriale ?
En dénonçant la mise en œuvre de politiques énergétiques non concertées, irrespectueuses des territoires et de leurs habitants, nous nous référons :
- à la définition de l’Organisation mondiale de la santé : la santé humaine est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité,
- à la Convention européenne du paysage, ratifiée par la France le 17 mars 2006, qui stipule que le paysage constitue un élément essentiel du bien-être individuel et social,
- à la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages du 8 août 2016 ainsi que sur les diverses directives européennes visant à la préservation des écosystèmes.
Nous demandons que les plans climat énergie territoriaux (PCAET), ayant pour finalité la lutte contre le changement climatique, soient élaborés avec la participation effective des habitants des territoires et prennent en compte les vrais enjeux.
Nous demandons que le schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET), nouveau cadre de la planification régionale en matière d’aménagement du territoire, fasse l’objet d’une concertation sincère et réponde aux impératifs sociaux et environnementaux à moyen et long terme et non aux exigences des lobbys industriels et financiers.
-
Quelle participation des citoyens ?
Depuis 2 ans, nos 160 associations locales et collectifs départementaux réunis dans Toutes Nos Energies – Occitanie Environnement constituent une force d’alerte, de réflexion et de proposition en région Occitanie. Nous nous efforçons de participer aux concertations et actions locales et régionales, d’être présents dans les différents endroits où se préparent les décisions, de faire connaître nos désaccords et notre démarche.
Les pouvoirs publics ont réduit la portée de l’article 7 de la Charte constitutionnelle qui devait favoriser l’accès des citoyens aux informations relatives à l’environnement et nous permettre de participer à l’élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur l’environnement (Convention d’Aarhus).
Nous demandons que soient créées les conditions d’une véritable participation citoyenne pour renouveler nos façons de consommer, de produire, de travailler, de vivre ensemble et, ainsi, répondre aux grands enjeux actuels.
Au plan national, nous nous appuyons sur des fédérations très actives et au plan européen, sur un certain nombre d’engagements auxquels la France a souscrit, ainsi que sur la possibilité de recours juridiques.
-
Qu’est-ce que Repòsta ?
Les solutions que nous proposons, au-delà de leur dimension technique, ont une portée globale, nettement plus large que le scénario « Région à énergie positive » (Repos) du Conseil régional. Repòsta (réplique en occitan) est une démarche :
- alternative : un projet pour notre temps, destiné à permettre d’économiser les ressources rares en veillant à conserver leur qualité : l’énergie, tant électrique que non électrique, les métaux et les matériaux de construction, le sol, l’eau, l’air, la santé et le bien-être ;
- sociale : un projet privilégiant les modèles les plus sobres et les plus réalistes au plan économique, attentif aux risques de précarité énergétique ;
- participative : un projet permettant aux citoyens d’être partie prenante de la transition ; leur participation ne saurait se limiter à des consultations factices ni s’acheter par des incitations financières renforçant le pouvoir de l’argent, aux antipodes d’une adhésion libre et éclairée.
- territorialisée : un projet valorisant les ressources propres de chaque territoire, respectant ses spécificités et son attractivité (qualité de vie, paysages, biodiversité) et bénéficiant à ses habitants (autoconsommation, relocalisation d’activités).
Au plan technique, nous nous appuyons sur deux axes :
- une priorité : réduire la consommation totale d’énergies, en accompagnant les efforts des citoyens et des entreprises.
- pour les solutions de production, un cahier des charges : efficacité technique, efficacité économique, efficacité environnementale, acceptation sociale. Et un chiffrage.
http://toutesnosenergies.fr/index.php/transition-energetique/
C’est pour proposer cette démarche que, depuis des mois, nous recherchons le dialogue avec la Région. Il semble enfin amorcé. Nous espérons qu’il aboutira.
Septembre 2018