Transition énergétique, la France en retard (Le Monde)
Les objectifs de développement des énergies renouvelables et de baisse du nucléaire ont peu de chance d’être tenus. Plusieurs articles du Monde en forme de premier bilan de la PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Énergie). Jean Pougnet a décidé de réagir…
Perrine Mouterde et Nabil Wakim signent, dans les pages Économie & entreprise du 28 avril 2021, un article emblématique du discours maintes fois entendu sur les « retards » de la France en matière de transition énergétique. Le propos commence par un rappel de la PPE suivi d’un premier signal d’alerte : « Elle prévoit de diminuer de manière conséquente la consommation d’énergie, d’entamer une décrue du parc nucléaire et de développer rapidement les énergies renouvelables. Mais, à moins de réviser de manière rapide et massive les politiques publiques, ces objectifs ne seront pas tenus. »
Suivent un certain nombre de constats énoncés comme suit : « Le solaire très en retard C’est le principal point noir de cette feuille de route. En cause, notamment, des procédures jugées trop longues. Plusieurs projets qui nécessitent d’utiliser des parcelles de forêts font d’ailleurs l’objet de contestations locales. » L’expression parcelles de forêts est savoureuse. Le Monde pourra faire une autre fois un article sur l’artificialisation des sols mais ce sera en rubrique environnement.
« L’éolien terrestre sur la bonne voie, mais trop lentement La filière dénonce la lenteur des délais d’instruction et le manque de moyens humains pour traiter les dossiers. Les professionnels s’inquiètent aussi de la montée de la contestation des projets à l’approche de l’élection présidentielle. » Constat surprenant qui lie la contestation de l’éolien industriel qui dure depuis plus de quinze ans aux élections présidentielles.
Puis des paragraphes intitulés L’éolien offshore enfin sur les rails, La difficile trajectoire du nucléaire et Le charbon sur le chemin de la fermeture où l’on n’apprend pas grand-chose.
Et pour conclure cette démonstration, sur ces retards de la France en matière de transition énergétique, une phrase qui dit une chose et son contraire : « Au rythme actuel, en 2030, la consommation devrait être similaire à celle d’aujourd’hui. Mais, selon les analyses de RTE, si jamais la France atteignait ses objectifs en matière de développement de l’hydrogène ou des voitures électriques, la consommation d’électricité́ pourrait augmenter de 6 % à cette date – alors qu’elle est relativement stable depuis dix ans. »
Nos amis ont semblent-ils oublié la présentation qu’ils faisaient de la PPE en tête de leur propos : l’objectif premier est de diminuer de manière conséquente la consommation d’énergie. Visiblement ils n’ont là-dessus aucune statistique sur le retard de la France en la matière et cela ne les intéresse pas ; la transition énergétique consiste seulement à remplacer telle technologie de production d’électricité (ils ne parlent que de cela) par telle autre. Ils semblent ignorer que la fameuse prime rénovation est dérisoire et ne va certainement pas accélérer la chasse aux passoires thermiques dans l’habitat.
Bref si la transition énergétique promise par la PPE échoue c’est la faute aux réglementations et procédures qui favorisent la contestation. On n’est pas surpris du biais choisi pour un article sur la transition énergétique qui va une fois de plus dans le sens des revendications du Syndicat des énergies renouvelables et de France énergie éolienne mais on ne s’y habitue pas.