Depuis de nombreux mois, notre collectif régional TNE demandait une audition officielle à la Région Occitanie en tant que représentant de la société civile : 140 associations de protection de l’environnement sur une majorité des départements de la région.
L’objectif de notre demande était de dire au Conseil Régional et à sa présidence l’opposition des citoyens ruraux de l’Occitanie au projet de SRADDET (schéma régional d’aménagement développement durable égalité des territoires) de la Région, un programme contraire aux intérêts vitaux de la Région.
Deux co-secrétaires de TNE, Patrice Lucchini et Bruno Ladsous, ont donc été auditionnés le 9 juillet par la Commission sectorielle « Transition écologique et énergétique, Biodiversité, Économie circulaire, Déchets ». Compte tenu des circonstances, l’audition a été assurée par son Président Hussein Bourgi assisté de deux responsables de services.
Le SRADDET est censé faire l’objet d’une enquête publique au début de l’automne, avant d’être voté par le Conseil de Région puis promulgué par un arrêté préfectoral. Il sera l’un des derniers SRADDET à être officialisé. L’enjeu de cette audition était important et urgent.
Rappelons que le SRADDET est un instrument de planification régionale à horizon 2040-2050 en matière d’aménagement du territoire et de protection durable de son environnement. Il comprend un volet « énergie », que la présidence de Région appelle REPOS (Région à Énergie POSitive), qui planifie 3 fois plus d’éolien industriel et 5 fois plus de photovoltaïque pour des raisons politiques sans fondement technique ni économique ni écologique. TNE y oppose une proposition alternative appelée REPÒSTA (Région à Énergie Positive Territorialement Adaptée) plus responsable et plus respectueuse de l’environnement https://toutesnosenergies.fr/index.php/transition-energetique/
Ce schéma de développement régional a fait l’objet de deux avis officiels très sévères et pleinement justifiés :
* le CESER (Conseil Économique, Social et Environnemental Régional) le 25 février 2020.
* le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGE-DD) autrement dit l’autorité environnementale qui dépend directement de la Ministre le 22 avril 2020.
Mais de ces deux avis négatifs la Région ne se vante pas. Pourquoi doit-elle revoir ses chiffres ?
Au cours de l’audition, qui s’est déroulée dans des termes courtois et constructifs, TNE a conjuré la Région de revenir sur ses objectifs chiffrés, en insistant sur les points suivants
Nos pays d’Occitanie sont saturés de centrales éoliennes industrielles. Les clusters éoliens déjà existants, quasi-tous situés dans les grands couloirs de migration, ont détruit l’attractivité des territoires ainsi sacrifiés y compris le tourisme. Rappelons que le tourisme représentait 11% de notre PIB.
Le scénario régional REPOS encourage les opérateurs à envahir toujours plus nos campagnes et nos montagnes. C’est en réalité un « permis de tuer » nos paysages et notre patrimoine commun, un permis de tuer les chiroptères et l’avifaune, de détruire nos sources et d’abîmer la santé et le cadre de vie des citoyens ruraux.
L’éolien ne contribue pas à la lutte contre le réchauffement climatique. En France les émissions de CO² représentent 0,18 T/ habitant pour l’électricité et 4,12 T/ habitant pour tout le reste (chauffage fuel ou gaz, carburants, etc), à comparer avec l’Allemagne 3T et 7,4T respectivement (2018). Golfech ne fait pas partie des centrales nucléaires (électricité non carbonée) que le gouvernement prévoit de fermer, l’éolien (électricité plus carbonée) est donc encore plus inutile en Occitanie qu’ailleurs.
Il a été rappelé que la présidente de Région Mme Delga a publiquement déclaré le 7 juillet 2018 à Lodève « l’éolien terrestre n’est pas ma priorité ». Nous lui demandons d’en retirer toutes les conséquences, question de cohérence.
Les représentants du collectif TNE ont eu le sentiment d’avoir été entendus, après tant d’années de refus de tout dialogue par la présidence. Mais au bout du compte c’est cette dernière retranchée en sa forteresse et l’instance délibérative qui décideront.
Serons-nous finalement écoutés, nos critiques (ainsi que celles du CESER et du CGE-DD) et nos propositions seront-elles enfin prises en compte ? Si tel n’était pas le cas, nous aurions alors pour devoir, au nom de l’intérêt général, de porter ce schéma en justice.
Nous avons rappelé que dans les associations qui soutiennent le collectif TNE, toutes les sensibilités politiques se retrouvent. Leur projet commun est de défendre l’intérêt général; il se résume en la défense du triptyque attractivité – biodiversité – santé.
Le contexte sanitaire, économie et social, environnemental, moral aussi, est porteur pour nos propositions. La Commission sectorielle en la personne de son président semble l’avoir pleinement mesuré : souhaitons que la présidence de Région ainsi éclairée en retire les conséquences et révise son projet : il en est encore temps.