À la veille des municipales, un citoyen – engagé – écrit aux habitants de son village. Même s’ils n’ont pas la décision finale, les élus ont un rôle important à jouer pour défendre leur territoire, ses habitants, sa biodiversité, ses paysages.
Pour faire simple, l’éolien industriel c’est une énergie renouvelable exploitée de manière non renouvelable. Obtenir de l’électricité avec du vent d’accord, mais pas n’importe comment et pas n’importe où tout de même ! Les centrales industrielles à turbines éoliennes géantes sont au service d’un modèle productiviste et directement dépendant des centrales pilotables au charbon et au gaz. L’énergie du vent exploitée de cette manière ne pourra jamais remplacer le modèle français actuel basé sur l’énergie nucléaire, ça n’est qu’une technologie pouvant venir en complément, il ne s’agit ici nullement d’une transition mais bel et bien d’un supplément énergétique, bien pratique pour ne pas changer de modèle : un grand réseau stable permettant un maximum de gaspillage et en même temps montrer aux yeux de tous que l’on agit pour l’écologie et le climat car les éoliennes ça se voit, du genre, on ne reste pas sans rien faire tout en ne changeant rien, voilà un des aspects les plus pervers de cette grosse « escrologie ».
Notre avenir : résister !
En 2017, la mobilisation des habitants contre le projet de promesse de bail de Madame le Maire pour l’installation de 6 éoliennes géantes sur notre commune de Maisons a réussi à stopper le projet dans l’œuf. Par contre, le promoteur EDF-Renouvelables lui avait à l’époque déjà obtenu des promesses de bail pour finalement 15 éoliennes sur le plateau de Lacamp avec les communes de Davejean, Dernaceuillette et Massac, un projet à seulement 3 kilomètres au nord ouest du centre-bourg de Maisons, ainsi que pour 11 autres machines sur le vignoble de Cascastel des Corbières, au nord-est de Quintillan, à 8 km au nord-est du centre bourg de Maisons, 26 éoliennes en tout donc et un projet de transformateur de raccordement à Palairac, porte ouverte à encore d’autres installations sur les Hautes- Corbières. Le promoteur vient de déposer le projet en préfecture, le futur conseil municipal de notre village devra donc ardemment défendre le territoire contre ce projet qui dénaturerait gravement l’identité paysagère des Hautes-Corbières et mettrait en péril des espaces naturels dotés d’une biodiversité tout à fait remarquable, sans même parler des nouvelles nuisances pour les habitants du village de Maisons encerclés tout d’abord par les travaux puis par les sons et infrasons des éoliennes portés par le vent dominant du Cers. Que celui qui n’a jamais entendu par vent marin dominant les éoliennes du Tauch situées à 3 km du village me jette la première pierre.
Une crise politique avec de forts enjeux sociaux-économiques
A l’évidence les élus qui veulent des éoliennes dans les Hautes-Corbières pensent plus aux rentrées d’argent qu’à la protection de notre patrimoine commun, si crucial pour l’avenir du territoire. La plupart des projets éoliens n’ont en fait jamais recueilli l’assentiment des populations et sont généralement signés et menés dans leur dos, sans aucune consultation publique préalable, « au bon vouloir des maires qui abusent d’une manière éhontée de la libre administration de leur mandat, nécessaire quand il s’agit de régler des urgences sur la commune, mais dont l’usage devient inique et anti démocratique quand ils prennent des décisions sur des projets qui vont impacter profondément le territoire et les populations en leur causant des nuisances pendant plus de 30 ans pour le seul profit d’intérêts privés, promoteurs éoliens en tête. » Autre souci, certains agriculteurs, propriétaires fonciers et élus locaux se comportent trop souvent comme si l’avenir du territoire leur appartenait à eux seuls, comme s’ils étaient plus chez eux que les autres habitants et citoyens sous le prétexte d’avoir été là avant ou parfois même d’appartenir à une classe sociale supérieur. Ils veulent faire, sous couvert d’arguments fallacieux, de l’argent facile sur leurs terres sans avoir à se soucier de l’impact sur les autres projets économiques, le développement local et l’avenir commun. Ces dérives concernent tout particulièrement la question éolienne dans le département de l’Aude. Les promoteurs de tels projets industriels en zone rurale ne peuvent certainement pas se réclamer de vouloir défendre le territoire, sa biodiversité, son identité esthétique et sa qualité de vie.
Les éoliennes du Tauch
Subsidiairement, la prochaine équipe municipale devra être particulièrement vigilante sur la question des éoliennes du Mont Tauch en fin de vie et s’assurer que les services de l’Etat feront preuve de cohérence en ordonnant leur démantèlement et que si l’opérateur en demandait le « repowering » (le renouvellement des centrales éoliennes), celui- ci soit refusé. En effet, cette imposante centrale éolienne de 18 mâts, culminant à plus de 800 mètres d’altitude, représente une lourde scarification du paysage intemporel des Corbières, elle impacte le paysage à des dizaines de kilomètres à la ronde du fait de sa hauteur et de l’attraction optique qu’elle entraine naturellement. Visibles de jour comme de nuit, ces éoliennes ont un impacte majeur et étendu sur les paysages de toute une région, du Minervois aux plages du Roussillon, de tous les monts des Corbières, de la plupart des châteaux Cathares jusqu’à la haute vallée de l’Aude. Enfin, l’on peut difficilement dire qu’elles ont été vectrice d’attractivité ou de développement économique local pour le village de Tuchan, bien au contraire, notre montagne emblématique du mont Tauch, pourtant facilement accessible et offrant des vues et des randonnées aux panoramas exceptionnels, a perdu en attractivité et en qualité d’expérience. Avec un démantèlement, ce haut-plateau pourrait (re)devenir un site privilégié et exemplaire d’observation de la nature et des paysages de toute une région.
Maisons le 15 février 2020,
Kevin Jeanroy – citoyen des Corbières.