Mais alors… le transfo de St Victor et Malvieux ? Il ne va servir à rien ….

M Patrick Bernié sous-préfet de Millau a organisé à Rodez le 3 décembre 2019 une réunion pour tenter d’aboutir à « une vision globale de l’éolien sur notre territoire ». Il tenait à répondre aux interrogations de Robert Citton (membre du collectif 27-XII qui regroupe les associations aveyronnaises de défense de l’environnement) à propos d’ un certain nombre d’erreurs, d’approximations et d’incohérences du dispositif général de production, transformation, transport de l’électricité dans le secteur Aveyron-Hérault-Tarn.

Nous rendons public le compte-rendu de cette rencontre (ici en PDF) et nous en proposons un extrait particulièrement significatif.

Quelques précisions pour bien comprendre les enjeux de ce dialogue : les opérateurs éoliens (représentés par le SER – syndicat des énergies renouvelables), négocient une proposition technique et financière de raccordement (PTF) avec RTE, chargé de construire les infrastructure de transport de transport d’électricité haute tension.

RTE soumet au ministère de l’énergie et à la DREAL (directions régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement), un dossier de justification technico-économique (JTE) qui développe les avantages et inconvénients de chaque solution étudiée et présente son choix. Ce dossier de présentation servira de support à la concertation qui sera alors engagée.

Ce que révèle cette scène, c’est que les opérateurs ont intentionnellement exagéré leurs prévisions de production, que RTE (pour la haute tension) et ENEDIS (pour la moyenne et basse tension) ont bâti des scénarios qui surestiment largement les besoins de raccordement. Ces objectifs ont été entérinés par le préfet de région et la présidente de région dans le SRCAE [schéma régional du climat, de l’air et de l’énergie].
La planification du développement du réseau électrique ne se fait pas en fonction des besoins réels, mais en fonction des demandes (et des intérêts) des opérateurs.

RC [Robert Citton, collectif 27-XII] : En 2009 vous déclariez 330 MW installés et évacués dans la zone d’influence [du poste de transformation électrique Sud Aveyron] et 660 MW en file d’attente. Les opérateurs font croire qu’ils vont développer et vont jusqu’à payer la PTF [proposition technique et financière de raccordement] mais ne construisent pas nécessairement. Ceci fait partie des mensonges du SER [syndicat des énergies renouvelables] qui prétend implanter 2300MW lors que le SRCAE [schéma régional du climat, de l’air et de l’énergie] ne prévoit que 1600MW et qu’en 2018 35% seulement sont installés, soit 560MW pour tout MP [Midi Pyrénées], seulement 157 MW installés de 2013 à 2018. Et RTE planifie sur les dires des opérateurs !

RTE : on s’adapte

DREAL : « si les projets n’arrivent pas les infrastructures ne se font pas ».

RC : écrivez-le, car PSA [poste de transformation électrique Sud Aveyron à St Victor et Malvieux] se fait quand même alors que les projets n’arrivent pas. Les opérateurs éoliens annoncent qu’ils vont créer des parcs éoliens, et leurs annexes, payent même la PTF [proposition technique et financière de raccordement], sont inscrits dans les files d’attente, puis abandonnent le projet : ex Valeco éon  à St Eulalie.

ENEDIS : c’est normal, l’opérateur peut sortir de la file d’attente.

RC : Dans le JTE [dossier de Justification technico-économique] de 2009 pour le PSA vous annoncez installer 660MW en 2011, puis 1300MW en 2014, puis 2000MW en 2020. Ces chiffres sont basés sur les ZDE [zone de développement éolien], sur les parcs éoliens en file d’attente. Pour le S3EnR [Schéma Régional de Raccordement au Réseau des Energies Renouvelables], lors de la  consultation, la région prévoyait 1600MW éoliens, tandis que le SER lui, annonçait avoir 2300MW  à installer. Là qui dit vrai ? Qui ment ? Et depuis combien a t’il été réellement installés ? Fort peu ! Vous voyez le problème?

RTE : les projets évoluent, c’est normal, nous nous adaptons.

RC …il n’y a que 221 MW éoliens installés dans la ZI du PSA- et 650 à 700 MW de capacité d’accueil. D’où il ressort que RTE peut encore installer 429 MW sans construire le PSA. Bien sûr, RTE veut construire le poste de transformation Causse-Dourdou, et donc, vu la géographie des lieux, le relier au PSA. Il reste 429 MW que RTE peut évacuer sans contrainte sur le réseau. Aussi, nous avons besoin que RTE nous dise pourquoi il veut construire le PSA. Car voici les chiffres réels, en 2018. Vous annonciez 1300 MW en 2014 ! et on en est à 221 MW en 2018 ! RTE fait donc erreur, ou alors expliquez, corrigez svp. RTE nous affirme être sérieux, fiable, prendre en compte “les coûts échoués”, mais le PSA est un coût très échoué.

Démonstration est faite que le transformateur de Saint Victor et Malvieux n’était pas nécessaire !

2 réflexions au sujet de “Mais alors… le transfo de St Victor et Malvieux ? Il ne va servir à rien ….”

  1. Tout cela, dans lequel résident à la fois incohérence stratégique et financière mais aussi de puérils rêves d’ingénieurs aimant bétonner, est financé par une grosse turpitude : environ 25% du TURPE (tarif d’utilisation du réseau public d’électricité), que chacun de nous cherchera en vain dans sa facture d’électricité.
    Il trouvera par contre mentionnée dans sa facture la CSPE/ Contribution au service public d’électricité (22,5 €/ Mwh consommé, hors taxes bien sûr, soit 20% de la facture hors abonnements), en s’imaginant qu’elle finance quelque chose en rapport avec l’électricité ? Que nenni, pour l’essentiel elle est reversée dans le budget de l’Etat !

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  2. Dans la balance entre la liberté d’entreprendre et la défense du vivant – humain et biodiversité -, il faut redonner toute son poids à la défense du vivant. C’est ce qu’affirme avec autorité le Conseil constitutionnel qui consacre « l’objectif de valeur constitutionnelle de protection de la santé et de l’environnement, patrimoine commun des êtres humains, pouvant justifier des atteintes à la liberté d’entreprendre » (Décision n°2019-823 QPC du 31 janvier).
    Devant tout projet d’aménagement doit être posée désormais la question des solutions alternatives. Le choix de l’éolien et des infrastructures qu’il impose à grand coût (environnemental, social, économique !) est particulièrement sujet à interrogation. La Cour des comptes a montré que le soutien aux EnR électriques n’a pratiquement aucun effet climatique mais accapare l’essentiel de l’effort financier public.
    Un seul mot d’ordre : il faut arrêter l’invasion éolienne !

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