Comment être dupes des tentatives navrantes de « démocratie participative » dont nous gavent État, régions, départements, communes ? On multiplie les rendez-vous avec les citoyens, les associations, les professionnels. Les quelques personnes de bonne volonté qui s’intéressent à la chose publique ont des agendas à la limite de la saturation.
S’agit-il d’un progrès démocratique ? L’occasion d’associer la population aux décisions et de lui donner la possibilitéd’infléchir certains projets ? De faire appel à l’expertise de terrain que n’ont pas nécessairement les techniciens qui les ont rédigés ?
Deux exemples récents de « consultation » montre à quel point on est loin de cette vision idéale.
La Région vient de soumettre à enquête publique le Sraddet, schéma régional censé orienter les collectivités territoriales en matière d’aménagement du territoire, de mobilité ou de production d’énergie.
Les 4454 communes et les 161 intercommunalités ont été invitées à « co-construire » ce document dans un premier tour de table… en pleine campagne d’élections municipales !
Certains ont répondu qu’ils avaient autre chose à faire en cette période électorale que d’éplucher les centaines de page du dossier. Au total la Région n’aura reçu que 70 contributions et, comme disent les sondeurs : l’échantillon n’est pas vraiment représentatif !
Forts de ces retours, les services ont aménagé le texte à la marge et lancé l’enquête publique… le 23 décembre, veille de Noël, sans autre publicité que le minimum légal. L’enquête est passée totalement inaperçue du grand public, et même des journalistes qui bien sûr n’ont rien écrit sur le sujet !
Autre exemple : l’identification des zones favorables au développement de l’éolien terrestre. Suite à une directive de Pompili, les préfets assistés de la Dreal ont organisé une réunion dans chaque département. Étaient invités : élus locaux, promoteurs éoliens, divers organismes et quelques associations de défense de l’environnement ou du patrimoine.
Le collectif Toutes Nos Énergies-Occitanie Environnement – qui lutte depuis des années contre le saccage des territoires par les industriels de l’éolien – a dû forcer les portes, mais s’est fait entendre. Ces réunions ont eu lieu au quatrième trimestre 2021. Un rapport d’étape a été promis pour la fin de l’année et une revoyure en février ou mars pour finaliser les cartes. Puis silence radio et revoyure renvoyée après les élections législatives.
Entre temps, des fuites nous ont fait découvrir des cartes déjà prêtes, avec les fameuses zones « favorables » ou « plutôt favorables », selon la terminologie adoptée. Tout cela discrètement concocté dans les bureaux des préfectures !
La « concertation » sert à nous préparer à avaler la pilule qui risque d’être amère. Pour éviter de fâcher quelques électeurs potentiels, on attend prudemment que les élections soient passées.
Tout se passe comme s’il fallait jouer à demander l’avis des gens tout en estimant que leur manque de compétences obérait leur jugement. Cela ne peut conduire qu’à éloigner un peu plus les citoyens qui ont compris qu’on ne les consulte que pour qu’ils valident des décisions déjà prises : leur très faible participation ainsi que celle des élus locaux, qui n’ont répondu dans leur immense majorité ni à la concertation sur le Sraddet ni à celle sur la cartographie, en témoigne.
BRAVO et MERCI pour cet article et les autres de cette chronique!.. Nous vivons le même mépris des services de l’Etat.
Bonjour,
depuis le refus de respecter le non au Traité constitutionnel européen, établi par référendum en 2005, nous savons tous que nos gouvernants ne respectent que les avis qui les arrangent, tant qu’ils ne sont pas “contraints”.
Il en va ainsi pour l’identification des zones favorables au développement de l’éolien.
Les réunions organisées par les pouvoirs publics sur l’éolien ne sont en rien l’expression de la démocratie. Les décisions sont prises ailleurs. Là dessus, je suis tout à fait d’accord.
Si nous décidons d’y aller quand même, ne serait-ce que pour avoir des informations, il faut bien mesurer tout ce que nous y disons, être bien conscients que la moindre de nos “concessions” sera non seulement retenue, mais encore très largement mise en avant et utilisée contre notre combat.
Je veux attirer l’attention sur un point :
Qu’avons-nous à faire du repowering ?
Je vois des membres de nos collectifs qui prennent position en ce sens, à l’occasion de la concertation lancée par Pompili, pensant sans doute que le repowering est un moindre mal…
A mon sens, accepter le repowering, proposer le repowering, c’est accepter les éoliennes.
Qu’il y en ait une de 10 MW ou cinq de 2 MW, c’est mauvais pour les habitants, pour la biodiversité, pour les paysages. Et c’est inefficace pour limiter le CO2 puisque les éoliennes sont inévitablement associées aux centrales à gaz.