France Stratégie est une institution autonome placée auprès du Premier ministre qui publie des analyses de fond, et des études de prospective à moyen et long termes pour contribuer à la décision publique et à l’information de l’opinion. Elle a ouvert un espace contributif où les opinions et les propositions pour préparer la sortie de crise pourront se confronter, être discutées, et s’enrichir mutuellement. Cet espace vise à faire émerger des pistes, des principes d’un modèle d’action publique pour la France après la crise, en intégrant une vision de long terme.
Bruno Ladsous (ladsousbruno@gmail.com) co-secrétaire du collectif TNE-Occitanie Environnement a participé à cette réflexion. Voici en quatre épisodes les quatre parties de sa contribution.
1. Quelles interactions humains-nature, mondialisation et pandémies.
2. Quelles attentes à l’égard de la puissance publique face aux risques ?
3. Quel modèle social pour « faire avec » nos vulnérabilités ?
4. Quelle voie pour une économie soutenable ?
2) Quelles attentes à l’égard de la puissance publique face aux risques ?
Cette crise aura révélé le manque d’humilité de ceux qui nous gouvernent (ils ont toujours tout su, tout bien préparé et bien géré la crise), leur impudeur (mises en scène et shows dramatiques qui font oublier les victimes résultant d’une impréparation non reconnue), sans parler de leur position constante de « hors-sol social » (exemple, telle ministre refusant le port du masque aux éboueurs).
Tout ceci révèle dans nos classes dirigeantes trois insuffisances consternantes :
- Absence de capacité à reconnaître leurs erreurs : le sens de la responsabilité
- Absence de maîtrise des fondamentaux du management des risques et incapacité à mobiliser les compétences appropriées pour susciter les meilleures décisions.
- Absence de vision politique globale : les dirigeants segmentent les informations qui leur parviennent, sans approche holistique, et gouvernent sur les seuls sujets éclairés à l’instant T par les médias et par les baromètres d’opinion : la « comm » et le verbe ont remplacé la politique.
Rien d’essentiel ne vient compenser ce tableau négatif :
- Ni la parole de médias indépendants ayant une vision de Société
- Ni la justice qui faute de formation sur des sujets complexes (exemple : la question environnementale) s’avère soit complaisante et poreuse envers les discours dominants, soit se contente d’administrer à la société civile des corrections sans discernement ni mesure.
- Ni le système éducatif, qui ne prépare pas nos enfants à l’exercice d’une pensée autonome et d’une citoyenneté responsable.
Nos attentes et nos propositions :
1. Des dirigeants qui comprennent que, élus, ils sont là pour servir et non pas seulement pour « manager ».
2. Des dirigeants éclairés par un nouveau Commissariat Général au Plan (y intégrer les meilleurs éléments de France Stratégie).
3. Une refonte complète du Code de l’Environnement, en lien avec le code de la santé publique sur la base exclusive de la Charte de l’Environnement, ici concernant spécifiquement son article 7 transcrivant dans la Constitution la convention d’Aarhus afin de donner aux citoyens d’authentiques garanties qu’ils ont part à la décision publique en matière environnementale et que l’homme ne sera plus un loup pour l’homme ni pour la biodiversité. (Réf. QPC du 31 janvier 2020 https://www.conseil-constitutionnel.fr/decision/2020/2019823QPC.htm)
Contre-exemple : une proposition de PPE alternative émanant de 2000 associations de protection de l’environnement https://www.energieverite.com/post/nous-d%C3%A9posons-une-contre-ppe-au-minist%C3%A8re-de-l-environnement dont la ministre ne fait aucun retour ni ne tient aucun compte par son décret PPE du 21.04.20.
3bis : le renforcement de la prise en considération du principe constitutionnel de précaution
4. Une Justice réapprenant à bien motiver ses jugements, en remplacement des jugements en opportunité à base de « Ainsi, » caractérisant la situation actuelle.
5. Une refonte de la Loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) afin notamment de :
- Rééquilibrer les pouvoirs de ceux qui aujourd’hui sont trop souvent devenus, au fil des jeux d’alliance politiques, des prédateurs et destructeurs des territoires dont l’avenir leur a été confié par élection.
- Empêcher tout chantage aux subventions entre collectivités.
- Favoriser l’expression citoyenne dans la cité, de telle sorte que chacun apporte sa contribution.
- Favoriser les facteurs d’attractivité des territoires : humaine, économique, sociale, environnementale.
6. Mener une politique indépendante des-lobbies : ne pas se contenter de l’existence trop passive de la HATPV (Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique), et contrôler avec des moyens conséquents ces sources de gangrène de l’éthique, qui ne portent aucun progrès social, économique ni environnemental. Renforcer l’indépendance des agences de contrôle.
7. Cesser d’instrumentaliser les mots tels que « résilience » « soutenable », « écoresponsable »…, et travailler ardemment à la formation et l’implication de citoyens responsables.