Alors que l’érosion de la biodiversité s’accélère partout, comment accepter qu’au nom de la transition énergétique on continue à concevoir et à autoriser des centrales éoliennes dans des zones à forts enjeux ? Les spécialistes des chiroptères l’affirment clairement aujourd’hui, en prenant l’exemple de la Grande Noctule. Pour cette espèce, comme pour bien d’autres, la seule mesure qui s’impose c’est éviter la construction d’éoliennes sur les secteurs où sa présence a été mise en évidence, puisque ni la dérogation, ni l’effarouchement, ni le bridage partiel des aérogénérateurs ne permettront d’exclure toute mortalité.
Voici une note de Marie-Jo Dubourg-Savage du Groupe de travail d’Eurobats sur l’éolien. Elle concerne la grande noctule, une espèce protégée de chauve-souris.
« Actuellement les efforts de conservation des chauves-souris sont battus en brèche par le lourd tribut que paient ces espèces à l‘énergie éolienne. La mise à jour annuelle des victimes des éoliennes réalisée par Eurobats est nécessaire ; elle est certes incomplète car elle se base sur les informations qui nous sont communiquées et non sur des suivis de mortalité encadrés par les autorités mais cette liste permet de se faire une idée de la réalité en raison de l’accroissement du nombre de victimes. A fin 2018 nous avions dénombré 2589 chauves- souris tuées par éoliennes en France et il s’agissait seulement des cas qui nous avaient été rapportés ».
Marie-Jo Dubourg-Savage
Le nouveau Plan National d’Actions pour les Chiroptères (2016-2025) envisageait donc un focus particulier sur la Grande noctule. En 2017 le statut de cette espèce sur la Liste rouge nationale passa de « données insuffisantes » à « vulnérable ». Mais quant aux études sur les effets cumulés des différents parcs éoliens, nous attendons encore d’en voir des résultats.
Pour cette espèce la seule mesure qui s’impose c’est éviter la construction d’éoliennes sur les secteurs où la présence de Grandes noctules a été mise en évidence, puisque ni la dérogation, ni l’effarouchement, ni le bridage partiel des aérogénérateurs ne permettront d’exclure toute mortalité.
Marie-Jo Dubourg-Savage